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Fiche : Pascal, imagination

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Fiche : Pascal, imagination Empty Fiche : Pascal, imagination

Message par FoX Dim 12 Juin - 22:05

(nouvelle version de david N.)

La force de l’imagination
Pensées, Pascal
Introduction
Pascal, génie reconnu dans le domaine scientifique, décide, après une crise mystique qui lui fait découvrir la force de la religion, d’élaborer une apologie de la religion chrétienne, seule religion vraie et possible selon lui, en y exposant les grands principes (raison et cœur). Les Pensées sont publiées après la mort de l’auteur après réunion de multiples brouillons par le couvent de Port Royal en 1670 (cœur de l’époque classique). Dans la tradition moraliste, Pascal réécrit l’œuvre de Montaigne mais dans une perspective janséniste afin de montrer les contradictions de l’homme, « roseau le plus faible de la nature », entre sa grandeur et ses puissances trompeuses (imagination, narcissisme et habitude) qui font sa faiblesse. Exercé en tant que scientifique au maniement de la logique, Pascal a pris conscience lors de sa période mondaine (1651-1654) de l’intérêt de la rhétorique, pour persuader les lecteurs libertins qu’il voudrait tourner vers Dieu et les rendre moins fous. Son art d’écrire a la force d’empoigner le lecteur en appelant à la fois sa raison et ses sentiments.

I. Mise à nu de la « folie humaine » : l’imagination

Pascal débute son argumentation par une question rhétorique en convoquant des hommes dont la vieillesse et la fonction importante sont synonyme d’autorité et de sérieux. Les termes « magistrats » et « sénateurs » portent une connotation romaine : la caricature nous donne une image de lenteur et d’embonpoint (train de sénateur). Ces hommes de pouvoir sont dirigés par une raison absolue et exercent leur jugement en allant directement à l’essentiel. Or, même les plus sages, ne peuvent contrôler leurs réactions dans des situations incongrues. En effet, Pascal développe un exemple à ce sujet : le magistrat, porté par sa raison, sa dévotion et son respect pour la religion, peut avoir un fou rire en écoutant le prêche d’un prêtre mal rasé ou ayant la voix enrouée (humour). Pascal prend un autre exemple encore plus probant : le plus grand philosophe du monde (figure du sage) placé au dessus d’un précipice, bien qu’il sache par sa raison qu’il se trouve en sécurité sur une planche assez large pour ne pas tomber, aura peur car « son imagination prévaudra ». La seule évocation du gouffre pourrait le mettre mal à l’aise. De même, la vue de chats ou de rats crée chez l’homme, par superstition, une panique qui lui fait oublier sa rationalité quelque soit sa sagesse ou sa force.
Pascal continue sa démonstration dans le domaine de la justice à l’aide de nombreuses exclamatives : un avocat manipulé, convaincu de l’innocence de son client pourra par des « gestes hardis » et son assurance pourra contaminer les juges, impressionnés par l’apparat et convaincus de la bonne foi de l’avocat. L’imagination fait donc tourner aveuglément la raison comme le vent le ferait sur une girouette. Rousseau sera de l’avis de Pascal quand celui-ci écrit que l’homme travaille pour des biens imaginaires (gloire, richesse) afin d’être heureux. Pascal met à nu les faiblesses de l’homme afin de briser son orgueil.
Parallèle avec la tirade d’Elvire qui, poussée par la puissance trompeuse qu’est l’imagination, possède une image figée de Don Juan, vit dans l’illusion et refuse de croire à sa trahison en s’inventant des chimères à son sujet.


II. Cause de l’imagination : l’apparat

Pascal insiste sur l’apparat des magistrats (hermines, chats fourrés) qui crée chez eux une majesté, une impartialité non teintées de désinvolture et de nonchalance. On ne peut que s’incliner devant l’habit d’un juge qui possède grâce à un bonnet le symbole de la force et la puissance de condamner les hommes. De même, l’habit du médecin lui donne l’art de guérir et de « duper le monde » (critique reprise chez Molière : DJ III,1). Selon Pascal, revêtir des habits dénoués d’utilité montre que la médecine n’est qu’une science imaginaire (rappelons que Pascal a un esprit rigoureux en science, génie en mathématiques). Par l’apparat ou la grimace (cf DJ éloge de l’hypocrisie), un juge, un médecin ou un soldat « s’attire le respect ». Pascal développe un dernier exemple : un roi s’entoure d’une armée et d’un orchestre (cf Candide : grand apparat), un sultan s’entoure de 40 000 janissaires (armée personnelle) : l’un fait trembler les femmes, l’autre donne de lui l’image d’un surhomme : l’apparat crée une impression de force dans l’imagination des hommes. Ainsi, au delà du déguisement, l’apparat entraîne l’imagination humaine. La dernière phrase a valeur de maxime, comme chez Montaigne elle résume la pensée de l’auteur : « L’imagination dispose de tout ; elle fait la beauté, la justice et le bonheur, qui est le tout du monde. »

III. Circuit argumentatif

Pascal déverse un flot d’arguments pour subjuguer le lecteur et, comme Voltaire, dans l’article « Guerre », sait utiliser 1001 manières de le convaincre. Son texte revêt alors un caractère discontinu. Ses références religieuses empoignent le lecteur (démarche moraliste). Avec violence, il lui ouvre les yeux et crée chez lui une véritable prise de conscience. Son style, à la manière de Sénèque ou Montaigne, est moderne et dense presque oral (exclamatives) : le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Pascal interpelle le lecteur « ne diriez vous pas » afin de solliciter son attention et de le prendre à partie. Il transforme la scène en une expérience imaginaire, illusoire. Le lecteur a l’impression de vivre une scène théâtrale colorée et pittoresque : il ne peut s’y dérober. Les éléments de rhétorique crée une magie d’ensemble. Pascal a l’art de choisir les mots : chacun a un poids significatif. Sa capacité de synthèse impressionne le lecteur (« change la justice de face » : quelques mots au lieu de longs discours). Comme La Bruyère, Pascal emprunte à la tradition antique et religieuse.

Conclusion
Ce texte allie le brio de l’homme de lettres à la rigueur de l’homme de sciences et de sa pensée toujours en mouvement qui n’hésite pas devant le paradoxe pour atteindre un plus haut degré de vérité. Pascal envisage les données que pouvaient fournir l’imagination au sens scientifique, quand elle dépasse les apparences sensibles pour montrer au libertin confiant dans sa raison, les limites de la pensée conceptuelle. Pascal utilise tous les moyens de la rhétorique pour emporter l’adhésion du lecteur afin de dénoncer « cette partie décevante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, cette superbe puissance ennemie de la raison ».


Dernière édition par le Lun 20 Juin - 13:16, édité 1 fois
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Message par Shouyu Sam 18 Juin - 10:49

C'est un bon commentaire bien organisé et bien dirigé, mais j'ai envie de savoir quelle est la partie du texte à commenter, ou ca commence et ou ca fini.


Merci bp
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