Fiche : Baudelaire, Madrigal triste

Madrigal triste


I. Un jeu parodique

1) madrigal et préciosité : forme brève de la poésie galante en forme de compliment
(cf. XVIIe siècle, préciosité etc. → bla bla bla s’il le faut…)

2) Traits de sophistication : 4 quintiles d’octosyllabes abaab (3 féminins, 2 masculin), mais redondé par un effet miroir I, II.
Effet de boucle (I. pleur V.2 → 20), anaphore (2x « je t’aime » (Q2,4)) qui soutiennent les effusions des apostrophes exclusives de Q4 qui retardent le COD du verbe.

3) Une relation érotique :
« Ma chère » Q6 ; « esclave reine » Q8
Cpdt le compliment est neutralisé par le point de départ : l’injonction de l’adage « soit belle et tais toi »
3.1) La beauté reversé en tristesse (vs le ton badin du madrigal)
La métaphore conventionnelle du maniérisme (femme/fleur) se fige dans un paysage dramatique (l’orage (v.5), nuage affreux (v.10) feu amoureux (Q5.) → forge. → conjonction dissonante.
3.2) Omniprésence du locuteur → « je sais » et l’éviction final de la parole de l’autre.
(l’idéalisation conventionnelle débouche sur le sarcasme « esclave reine/ Ô mon roi »
Pleur/ fleur etc.

II. Une relation sado-masochiste

1) Les dispositifs discumulatif :
Désinvolture initiale : « Que m’importe que… ? » et la double injonction : « soit belle et sois triste ! »
Double déclaration assortie des anaphores restrictives qui débouche
-sur une profession de foi vampirique (Q4)
-sur la certitude que le Mal est au cœur de l’autre (Q5)
-sur la rivalité avec l’autre dans la morbidité « toi qui aime que avec effroi »

2) Les facettes du mal : « joie/noie »

- Psychologie : horreur (Q6,Q8) , angoisse (Q3), masochisme (Q4) effroi (Q8) etc.
- Imagerie :
1) Organique : comme le sang (Q3) ; comme un râle d’agonisant
2) Infernal : l’orgueil des damnés ; l’enfer etc.