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Fiche : Nathalie Sarraute, Enfance

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Fiche : Nathalie Sarraute, Enfance Empty Fiche : Nathalie Sarraute, Enfance

Message par FoX Dim 12 Juin - 22:10

ENFANCE NAHALIE SARRAUTE
INTRODUCTION
Ce texte est un extrait du livre ‘enfance’ de Nathalie Sarraute paru en 1983. Nathalie Sarraute est un écrivain français née à Ivanovo en Russie en 1900 et morte à Paris en 1999.Elle vit à Paris depuis l’age de 8 ans et ses parents émigrés russes divorcent. Elle est issue d’une famille de la bourgeoisie aisée et cultivée, reçoit une éducation cosmopolite. Elle fait des études de droit, devient avocat puis se consacre à l’écriture. Elle a écrit tropismes en 1939, planétarium en 1959 et ici en 1995.
A l’age de 83 ans, alors qu’elle est déjà grand mère, elle décide de publier ‘enfance’ où elle recrée des épisodes de son enfance en dialoguant avec la fillette qu’elle a été : Natacha. Dans ce livre, il n’y a pas de continuité entre les chapitres mais uniquement les temps forts de son enfance, des souvenirs épars regroupés sous forme de fragments. Ce n’est pas une autobiographie conformiste mais une autobiographie moderne. Nathalie Sarraute a participé au mouvement littéraire du nouveau roman.
Dans cet extrait, elle a 10- 11 ans et se réfugie dans la lecture et nous dévoile le bonheur que la fiction lui apporte. Natacha essuie, en haussant les épaules le sermon de son père, puis court se réfugier retrouver son livre (les aventures de Rocambole), à laquelle vient l’arracher un ‘a table’ importun. Cela semble correspondre à un scénario familier et on comprend qu’il se répète avec l’utilisation du présent d’habitude.
Nous allons étudier les 3 axes de lecture suivants :
Un tableau de la bourgeoisie, La passion pour la lecture, le regard critique de Natacha sur le monde adulte.

I TABLEAU DE LA BOURGEOISIE
L’APPARTEMENT
Malgré l’absence de descriptions très précises, on imagine assez bien l’appartement dans lequel vit Natacha.
- la commode achetée chez le brocanteur : c’est une commode assez austère en bois sombre, sur laquelle est posée une épaisse plaque de marbre noir.
- la salle à manger dans laquelle le dîner est servi (sûrement par des domestiques).
- l’attitude polie des invités : (j’entends une amie poser tout bas une question).
LE PERE
Le père tient le discours stéréotypé du bourgeois cultivé.
Les paroles attribués au père dessinent le portrait satirique d’un brave bourgeois conformiste, admirateur de valeurs reconnues, et d’autant plus péremptoire ‘ce n’est pas un écrivain’ qu’il s’appuie sur le consensus universel du on-dit et du sens commun. Il a des préjugés et donne ses raisons avec un exemple ‘elle avait les mains froides comme un serpent’.
Soucieux de donner à sa fille l’exemple d’un homme qui n’a jamais fréquenté que des sommités du Panthéon des lettres, il se rend comique par la façon dont il se défend d’avoir jamais lu Ponson du Terrail lorsqu’il affirme ‘je n’en ai lu qu’une ligne’. La phrase est faite pour que le lecteur entende la fillette espiègle murmurer ‘alors comment tu sais ?’
La lecture de Rocambole est tout simplement une perte de temps d’après son père.
Le père parle comme quelqu’un qui voit la culture et notamment la lecture comme une richesse, un bagage pour la vie. Elle au contraire, nous parle de l’émotion et des sensations que ce livre suscite. Elle s’identifie aux personnages et le lecteur adhère complètement à son avis en lisant ce passage et le père est ridiculisé.
Ce petit tableau de la bourgeoisie est à la limite de la satire. De plus, l’opinion selon laquelle de telles lectures sont une perte de temps va être implicitement mais passionnément contestée.
Ce que le père affirme de Rocambole est largement exact comme le montre le texte ‘quand il n’y a plus… vraisemblance’’ dit la narratrice parlant des+ moments du livre.
Cette fois encore, il ne s’agit pas d’une restitution objective, d’un pur enregistrement des paroles du père, mais d’un savant montage de citations tronquées. Nathalie Sarraute emboîte les paroles du père dans la pensée de l’enfant, et restitue le regard de l’enfant qui caricature le père.

2. LA PASSION POUR LA LECTURE
Le livre qui s’y trouve dedans : (de grandes pages gondolées parsemées de tâches verdâtres). ‘ressemble un peu à celles qui plus tard ’ ‘ressemble à’ cette comparaison donne une impression de réalisme.
Rocambole est un personnage qui se trouve mêlé à des aventures extraordinaires. Son nom a donner naissance à l’adjectif rocambolesque (extravagant, plein de péripéties extraordinaires).
Rocambole est un roman fleuve de 25 volumes écrit par l’un des maîtres du roman feuilleton Ponson du terrail ( 1829- 1871). Il improvisait ce feuilleton qui paraissait dans les journaux, pour tenir en haleine le public.
Cette production effarante du romancier ‘à la plume infatigable’, ‘à l’imagination prodigieuse’ est la conséquence d’un immense succès, d’une vogue inouïe. C’est le romancier le plus populaire du 19 ième.
Ce succès, tout comme la fortune qui en découle lui valent de féroces jalousies. Il devient la cible d’une critique injuste et abusive.
C’est une scène intense où Natacha est envoûtée par la lecture de Rocambole : ‘enfin voici le moment attendu’, ‘je m’y jette’, ’impossible de ma laisser arrêter’ ‘c’est un moment de bonheur intense’….
Par ailleurs, on comprend l’engouement que suscitaient les aventures de Rocambole et comment il arrivait a captiver ses lecteurs. Ses aventures étaient extraordinaires : ’ lutter au bord du précipice, recevoir dans le dos des coups de poignards, être séquestrée’…
De plus, c’est un texte manichéen(se dit de toute conception dualiste entre le bien et le mal) : le bien et le mal s’affronte :‘car le mal est là ..il prend son temps’.
Le Mal a une majuscule. Il y a de l’emphase et par là même aussi de l’ironie de la part de Sarraute .
‘Je dois avec eux affronter…’,‘d’un autre monde’, ‘là où ils vivent’ ‘là ou tout est étriqué’ ‘chez nous’ ‘là bas’ ‘j’aurai ici’ : elle a basculé dans l’univers du livre. La tendance est inversée le monde fictif est devenu le monde réel.
Puis quand elle dit ‘alors que chez nous, là bas’ comme quelqu’un qui en exil mais peu à peu elle se rapproche du vrai monde ,elle se positionne par rapport à sa vie réelle. Elle revient peu à peu dans le monde réel.
Enfin quand elle dit ‘jamais ici’ (c’est à dire dans sa maison son appartement)on comprend que la fillette s’arrache à l’engouement pour la lecture et revient au monde réel.
Même s’ils vivent dans le même univers, on comprend que le domaine de la fillette et des parents est différent.
Il faut repositionner le fillette de 10-11 ans et le bonheur que la fiction apporte à la fillette.
Nathalie dit que ce qui fait surgir les tropismes (réaction élémentaire à une cause extérieure ; acte réflexe très simple) est intéressant. Ce sont les serrements de cœur de la fillette, l’émotion de la petite fille ‘car le mal est là’. Cette phrase rend compte du début du plaisir qui naît de la peur elle même.
On assiste au début de quelque chose qui est intéressant , début d’une scène intense.
Ce passage peut aussi être considéré comme le portrait d’un écrivain en herbe, l’enfant ayant déjà une fascination pour les livres.

3. REGARD CRITIQUE DE NATACHA SUR LE MONDE DES ADULTES
Ce qui arrache l’enfant à la lecture c’est l’irruptions de l’adulte. Ses paroles reprises au style direct brisent la tranquillité de l’enfant ‘mais on t’appelle, tu n’entends pas ?’
‘tous les sarcasmes de mon père…’: les paroles ont remplacé le traditionnel portrait des personnages.
Cela exprime l’ennui de l’enfant face à des propos aussi répétitifs que vains mais aussi son obstination et sa détermination. Sarcasme ne peut pas appartenir à une enfant de 10 ans ; c’est donc Nathalie qui le choisit. Ce mot traduit la violence démesurée des propos du père face à ce petit enjeu. Elle aurait pu simplement dire ‘les reproches de mon père’.
Le père apparaît comme un clown : il fait une critique sans avoir fait l’expérience de ce qu’il dit (puisqu’il reconnaît qu’il ne l’a pas lu).
‘rien n’y fait’ renvoie au flot de mots qui précède. L’opposition ‘tous les sarcasmes /rien n’y fait’ ridiculise le père. Cela suggère la fierté de l’enfant dont l’obstination nargue l’adulte. C’est le faible (l’enfant )qui gagne et cela fait également penser au combat de David et Goliath (Goliath est sorti du camp des Philistins, et s'est mis à injurier les Juifs. Et l'armée israélite, est mortifiée car personne n'est prêt à se confronter avec ce géant. David, qui était encore trop jeune pour servir dans l'armée, et qui était venu apporter de la nourriture à ses frères, fut profondément choqué par ce qu'il voyait. Indigné de voir que personne n'avait le courage de se mesurer à Goliath, il se porta volontaire, David partit à la rencontre de Goliath sans épée ni armure, avec seulement sa fronde et quelques pierres, et sa profonde foi en Dieu. Alors que Goliath s'avançait vers lui, David utilisa sa fronde et lança une pierre au visage du géant. Il le frappa au front et le fit tomber la face contre terre. Puis il lui retira son épée et lui trancha la tête.
Les Philistins stupéfaits prirent la fuite, poursuivis par l'armée israélite. Le résultat final fut une victoire éclatante pour les Juifs. Puis David fut couronné roi. )
De manière plus générale, la vision qu’a l’enfant de l’adulte n’est pas entièrement positive et elle porte un regard critique sur le monde des adultes. Ils ont un pouvoir limité sur l’enfant.
Elle utilise des adjectifs peu flatteurs pour les qualifier ‘petits, raisonnables, prudents’.. ‘Il faut répondre à des voix d’un autre monde’, ‘là où ils vivent… là où tout est étriqué, mesquin (médiocre, sans importance), parcimonieux (où l’on s’attache à des petites choses, non généreux)’.
Si le père fait la leçon à Natacha, Natacha ne se prive pas de faire la leçon à son père et aux adultes dans la 3 ième partie : ‘qu’est ce qu’ils peuvent bien comprendre’.
La fillette a déjà des problèmes liés à l’adolescence. Pas compris par les adultes, elle subit leurs contraintes.
Son problème, comme beaucoup d’adolescents, est de se définir, de se situer elle est entre les adultes et les enfants.
La fillette est espiègle et a un ton narquois.

Conclusion
Dans cet extrait, Nathalie Sarraute, nous restitue bien ses émotions face aux reproches de son père, à l’envoûtement du récit des aventure de Rocambole, aux interventions importunes des adultes. Elle nous montre bien quelle fillette espiègle elle pouvait être. Elle est narquoise et ironique et n’est pas dénuée d’humour.
Dans ce texte, les paroles ou les bribes de paroles sont l’outil principal. Les phrases sont entrecoupées de points de suspension, et semblent être prises sur le vif.
Cette écriture est en réalité plus concernée qu’il n’y paraît au premier abord. Elle est rigoureuse et réfléchie, non dénuée d’humour, et permet une analyse fine d’un moment important dans l’enfance de la fillette.
En fin de compte ce passage illustre les formes diverses que peut revêtir le pouvoir des mots.
Enfance est donc une histoire de mots. Nathalie Sarraute n’écrit pas ici une autobiographie traditionnelle mais une autobiographie moderne, originale : elle veut rendre compte, à travers un dialogue avec un double je (c’est en quelque sorte Natacha et Nathalie qui dialoguent), de ses sentiments intérieurs à travers un récit discontinu à l’image de la vie. Elle renouvelle donc le genre et cette œuvre s’identifie au nouveau roman.

Sarraute et la biographie
La question de l’autobiographie s’est posée très vivement à Sarraute qui en vint à raconter son enfance alors que toute son œuvre semblait l’écarter de la traditionnelle tentation d’évoquer ses souvenirs.
En effet, Sarraute est un écrivain novateur et elle abordait là un genre classique, goûté du grand public. Mais surtout, le récit d’un destin accompli, d’un passé révolu semblait tout à fait étranger à cet écrivain qui s’est toujours penché sur ce qui va devenir, sur la réalité encore inconnue sur le ‘bouillonnement confus où nos actes et nos pensées s’élaborent’.
Elle affirmait que « toutes les autobiographies sont fausses ». Dans Enfance, elle a « juste voulu assembler les images tirées d’une sorte d’ouate où elles étaient enfouies ». Sarraute a participé au mouvement littéraire du Nouveau Roman. Le pacte autobiographique, d’apparence classique ne l’est en fait pas. Plusieurs points sont étranges et pas classiques du tout.
Première étrangeté : il n’y aura pas de récit, Nathalie Sarraute ne racontera pas ses souvenirs d’enfance. De plus, elle ne fera pas de bilan. Son récit sera exhaustif mais elle refuse de l’affirmer, comme elle refuse également d’affirmer qu’il ne sera pas linéaire. Ce ne sera pas un récit, juste des souvenirs, éparses regroupés sous forme de « fragments » et non de chapitres. Nathalie Sarraute écrit par petits bouts. C’est une forme nouvelle d’écriture, un nouveau style. Elle revendique de ce fait une honnêteté, c’est une garantie.
Les nouveaux romans ne se veulent plus du Balzac ou du Zola. Il n’y a pas de longues description des personnages ni du cadre spacio temporel. Il n’y a pas non plus l’assurance des personnages de Balzac car Sarraute a connu les 2 guerres et sa vision du monde est changée.
Jean Paul Sartre avait eu des mots très durs pour Nathalie Sarraute et ses ‘parlotes de femmes’ au lieu de s’impliquer dans les grands conflits politiques du temps comme le faisaient les écrivains engagés.
N Sarraute dissout le récit qui n’existe plus que dilué dans les paroles des personnages c a d filtré par une conscience et non proposé au lecteur comme une donnée objective.
est écrit sous forme de dialogue, le ‘double’ pourrait représenter une figure du lecteur virtuel, une instance du moi qui intériorise un lecteur idéal.
Nathalie n’a pas pour projet de se confesser ni de tout dire, elle considère qu ‘enfance’ n’est pas une autobiographie. Elle prend pour modèle Rousseau.
Son projet est donc uniquement esthétique et philosophique : connaître le réel, faire ressurgir un passé enfoui mais non perdu comme le révèle la fin de l’ouvrage.
L’autobiographie vient s’inscrire dans le parcours d’une œuvre littéraire qu’elle semble couronner (l’autobiographe écrit en principe son autobiographie à partir d’un âge avancé).
Ainsi, elle va livrer, à 83 ans, les clefs personnelles de ce qu’elle racontait de façon impersonnelle dans ses romans. Elle se limite au récit de son enfance. Le livre se termine au moment où l’enfant rentre au lycée Fénelon, à 12 ans. Elle a aussi écrit pour conjurer la mort d’êtres chers.
Elle utilise pour parler de l’enfant qu’elle était, un masculin qui équivaut à un neutre. Sarraute a d’ailleurs déclaré que, quand elle écrivait, elle n’avait pas de sexe.
c’est un récit autobiographique qui fait davantage appel à la métaphore poétique qu’à la chronologie, qui joue subtilement avec la mémoire.
Ce livre fait éclore les souvenirs en les reliant aux images et sensations affectives qu’ils suscitent encore. C’est leurs vibrations qui persistent dans le présent qui intéressent l’écrivain, plutôt que la résurrection d’un passé aboli.
Son autre livre tropismes : les souvenirs s’échappent, ne se laissent pas saisir. C’est la garantie de l’authencicité. son entreprise est originale : elle essaye de saisir des souvenirs fluctuants. Elle fait un parallèle entre les tropismes et les souvenirs.
Elle veut utiliser les souvenirs comme elle utilise les tropismes.
Tropismes écrit en 1939
Courtes scènes vécues
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